Aujourd’hui on vous propose un petit cours de travaux manuel. Le forum Warmania – où officient le taulier et une partie de sa bande de malfrats – organise chaque saison un petit concours ou le principe reste toujours plus ou moins le même: « on se sort les doigts du c… »!
Pour l’été, ils ne se sont pas cassé le ‘ul justement, puisque le thème est:
Punk’s not dead… en été, fais ce qu’il te plaît !
Pour ce concours d’Été 2019, il est donc demander aux participants de monter/convertir/recycler/utiliser une technique maison (expliquée et détaillée) et peindre une fig / un décor / un pion objo. Peu importe votre œuvre (…), tant qu’elle utilise du matériel de récupération, une technique maison que vous a transmis votre papi, un « ingrédient » détourné de sa fonction première, etc…
On ne va pas se mentir, la philosophie du Do-It-Yourself (faites-le par vous-même) c’est une partie de ma vie et c’est en totale conjonction avec ma vision du hobby.
Pour résumer la chose rapidement, le DIY c’est un mouvement, a la base d’éducation populaire, apparu dans le nord des USA a la fin des années 60, passée dans la culture punk des années 1970 avant de devenir plus politique au milieu des années 90, notamment a travers les mouvances « altermondialistes ».
Wikipédia nous explique qu’aujourd’hui « le mouvement DIY est une approche concrète et une mise en pratique de l’écologie et de l’anticapitalisme, par l’anti-consumérisme. » Quelque part, les animodérateurs de Warmania n’auraient pas pu choisir un thème plus en accord avec l’été que l’on vient de passer.
« C’est bon Greta, descends de ton bateau, nous on est venu voir du Scratchbuild! »
Effectivement, quand on fait l’équation « hobby + DIY » on obtient bien souvent comme résultat « Scratch building »: l’action de se fabriquer un modèle réduit « from scratch », c’est-à-dire à partir de morceaux de bois, de plastique, de plâtre, d’argile, de métal, de pâte polymère ou même de papier.
Cela peut paraître fou à ceux qui ne connaissent le hobby qu’à travers la corne d’abondance de notre décennie, mais c’est une solution bien connue et maintes fois explorés. Ce peut être pour le challenge mais il s’agit bien souvent d’un souci d’économie assez trivial. Depuis ma fenêtre, quand on vit dans un pays ou le salaire d’un professeur d’université est de 800 euros, en mettre 40 (comptez les fdp) dans un kit moche vieux de 20 ans, c’est simplement inenvisageable. Il ne s’agit pas de se lamenter sur la politique tarifaire de Games Workshop, il s’agit juste d’agir en adulte responsable qui s’efforce de consommer intelligent. Les 37 euros ainsi économisés peuvent permettre par exemple de se payer la partie Chaos de la nouvelle boîte Sombrelance, dont la qualité cette fois, justifie largement le prix.
Le challenge c’est bien, mais encore faut-il que ce soit utile. Dès le début mon idée était de construire un transport pas cher, mais burné pour mon équipe de bras cassés Tzeentchiens. Ça tombe bien, les pros du « 40K paperwork » (dans le monde du hack, il faut être anglophile) traînent sur Reddit et leur pape s’appelle Eli Patoroch (s’appelait car je ne pense pas qu’il sévisse encore sur le net).
« Bravo l’abbé Pierre, mais ce n’est pas légal ton histoire. »
Hmmm… demandez à Morikun ou au service légal de GW? De mon point de vue la question parait facile à trancher. GW a toujours encouragé les conversions et les scratchbuild. Il fut un temps où les modèles scratchbuildés apparaissaient dans le White Dwarf et même dans la période sombre « Kirby », personne ne c’est jamais vu mettre à l’amende ou envoyer de mise en demeure parce qu’il jouait un Land Raider scratchbuildé à son tournoi local. En réalité les gars de Lenton sont bien moins idiots que ce que l’on aime à penser.
Mais du coup est-ce que ça veut dire que c’est légal? Non pas du tout car bien évidemment le design des cubes Gamesworkshopiens est sans aucun doute déposé sous une forme de PI quelconque. Mais ça ne fait pas du scratch building une pratique illégale. Ce qui serait illégal, c’est de partager un moyen de copier ce design (mettre un modèle 3D sur un site d’impression par exemple).
Maintenant, de ce que l’on en sait, si à la maison vous avez un Rhino et que vous reportez ces proportions sur un calque pour en fabriquer une copie en papier, tant que cette copie où se calque reste dans votre maison et que vous n’en fait pas commerce, vous restez dans la légalité. Si vous décidez de le mettre en libre disposition façon feu-Patoroch, vous entrez dans le monde gris des hackers et c’est une tout autre histoire.
Si vous décidez de vendre vos copies alors vous devenez simplement un escroc et j’espère pour vous que vous avez des genoux solides.
Refermons cette parenthèse, qui je n’en doute pas, va me falloir un flot de remarques dans les commentaires en dessous, pour commencer l’exercice de style. Je cherche donc à économiser 6 francs 6 sous et j’ai pas mal de temps devant moi. Comment je m’y prends? Réponse par étapes.
- On part donc du principe que vous posséder un canevas, « template » en anglais, du modèle que vous souhaitez réaliser. Dans mon cas un Rhino MK2 volés aux loyalistes. L’idéal, si vous possédez une version digitale de ce canevas, est de l’imprimez sur une feuille autocollante.
- Il vous faut ensuite trouver un support pour coller votre canevas. Il faut :
- que ce support ne gondole ou ne fonde pas avec la colle que vous utiliserez. J’utilise de la cyanoacrylate à 1/2 euro le pot et je suis donc partie sur un reliquat de classeur en plastique PVC transparent. Il me fallait 2 feuilles A4.
- que vous puissiez découper ce support sans trop galérer aux ciseaux et/ou au cutter. J’ai pas mal cherché pour trouver le classeur à sacrifier, jusqu’à ce que j’en trouve un qui se découpait sans forcer aux ciseaux et cassait proprement après une encoche au cutter.
- que le support offre une base solide et stable pour le bloc qui formera la structure du modèle. En prévision j’ai donc sorti une veille plaque d’acrylique transparent du garage et j’ai collé dessus les 6 parties formant le cœur du Rhino (avant-arrière, flanc gauche-flanc droit, dessus-dessous).
- Une fois le ou le bon support trouvé dans la poubelle à recycler et le canevas collé dessus, il ne reste plus qu’à découper, fastidieusement, chaque partie du modèle. Je conseille quand même de ne pas tout découper d’un coup mais d’y aller petit à petit, en assemblant au fur et à mesure des découpes.
- Une manière rapide et efficace d’assembler les pièces avant encollage est d’utiliser du scotch de tapissier (ou ruban de masquage) pour faire un préassemblage.
- Si votre structure a un vide important en son cœur, il peut être judicieux de souder les éléments entre eux avec des cales. Ici j’ai utilisé de simples cales en bois collées a la cyanoacrylate.
La structure principale étant solide et surtout totalement rigide on peut désormais y coller directement les éléments de flancs réalisés eux en carte plastique (le fameux classeur) plus fines et plus légères.
- Les éléments cylindriques, typiquement les roulements de chenilles, peuvent être réalisés à partir de stylos ou marqueurs recyclés. Un pot à crayon dans l’atelier pour y poser les stylos à jeter et en une année vous en avez pour une vie d’essieux de chars!
- Une fois les éléments-clefs collés sur la structure, commence l’étape du détaillage où vous allez devoir coller barreau d’échelle après barreau, plaques de blindage, charnières de portes, protections et autres essuie-glaces. C’est la ou les modèles de chez GW sont assez faciles à reproduire: tous ces éléments sont soit ronds, soit rectangulaires. Attention a bien vérifié sur le modèle original les détails qui sont en creux (à retirer de la structure) et ceux qui sont en relief (à ajouter). Tous les ronds sont en relief puisque ce sont des rivets ou des lampes.
- Oui mais faire des détails ronds, ce n’est pas facile! C’est là qu’intervient l’astuce qui rend la chose possible: les planches d’autocollantes fantaisies vendues en papeteries, ongleries ou sur le net sous le titre » kit de strass autoadhésif » ou truc dans le genre. Attention cependant: recherches fastidieuses en vue! Ce que vous trouverez d’abord dans 90% des cas ce sont des motifs ronds entre 3 et 4 mm, bien trop épais pour faire des rivets. Il vous faut vous rabattre sur des motifs complets du type de ceux que j’ai sélectionnés et qui bien souvent intègre des « diamants » de 1 mm.
La technique de pose est assez simple mais elle demande une certaine dextérité: pose une goutte de superglue sur le plastique maintenant les autocollants. Avec une pince à épiler vous attraper une gemme et vous la faite glisser pour la décoller du film autoadhésif qui maintient le motif. Vous posez la gemme sur la surface de la goutte avant de la coller sur son emplacement.En procédant de la sorte vous aurez en 1 ou 2 séances recouvertes de rivets l’ensemble du véhicule. Sélectionnez les gemmes plus épaisses du motif pour faire les lampes.
- Les échappements et autres « cheminées » peuvent être réalisés assez simplement avec cette fois la cartouche intérieure de votre marqueur ou stylo vide (ou avec n’importe quelle tige plastique ronde). Une astuce pour « complexifier » et habiller peu ces structures est d’utiliser votre foret à main pour simuler une « grille » ou bien simplement les encastrer. Ici en rouge a l’extérieur un morceau de tige de ballon, une cartouche de marqueur et une tige de bombe à eau.
- Une fois l’ensemble terminé j’ai cherché à rajouter des « micro-détails » pour figurer l’aspect chaotique du véhicule. Tout d’abord j’ai utilisé les opales du motif autoadhésif pour figurer sur le fond de triangle l’«œil omniscient » de mon Dieu tutélaire.
J’ai ensuite ajouté de chaque côté une rangée de piques en forme de pyramide pour rester dans la thématique Tzeentch mais rendre le véhicule plus agressif.Les éclairages avant ont été réalisés avec les plus grosses des gemmes.
Et donc voila le résultats après sous-couche au Primer plastique:
La peinture a été réalisée de manière assez simple:
- sur une sur-couche métallique en bombe, un voile discret de vernis matte pour que le lavis accroche bien sur le chrome.
- Deux couches de lavis épais bleu métallisé mélangé avec une pointe de noire, du médium (lasure acrylique a l’eau, cf mon article précédent) et pas mal d’eau déminéralisée.
- Deux séances de brossage à sec de chrome blanc sur les arêtes du véhicule.
- Détails avec deux couches d’or jaune sur les motifs de décorations et deux couches de chrome métallique sur les échappements.
- Le reste relève des techniques de weathering (usures) classiques des véhicules pour lesquelles vous trouverez maints tutoriels le net. Je ne vais pas détailler car ce n’est pas mon meilleur effort : j’ai du rusher pour le venir avant une partie.
En espérant que cela vous ai donné envie de vous y mettre. Il n’y a très sincèrement rien de très compliqué, il faut juste se lancer. Ce Rhino était mon second véhicule en scratchbuild, le premier datant d’il y a dix ans et était un simple véhicule de démolition Cyclope (soit un véhicule d’à peine quelques centimètres).
Très sincèrement, tout l’amour que vous mettrez dans votre réalisation, elle vous le rendra aux quintuples sur le champ de bataille. Ce Rhino a, lors de son baptême du feu, survécut durant 3 tours complets face à 3 Leman Russ et 3 Sentinelles. Le même Rhino acheté sur Wayland aurait explosé au premier obus, j’en suis certains !
Franchement, je me suis fait avoir . Ok le coup d’oeil fut rapide sur l’image avant d’attaquer l’article mais je n’avais pas remarqué qu’il s’agissait de scratch et non d’un modèle officiel.
Chapeau DV8. J’ai l’impression de parler à un droîd ….
Oui je suis un drone de bonhomme 😀
Ouaip il est carrément réussi. GW n’a qu’a bien se tenir !
Bravo à toi DV8 !!! 🙂
Merci mais je doute que les murs de Lenton ne tremble après cette réalisation 🙂
Très joli travail. Ca fait plaisir de voir ce genre de jolis travaux, qui rappelle de vieux white dwarfs où on expliquait même comment faire un baneblade en carton…
Oh oui bien vu ! Je l’avais oublié celui-la. Le Baneblade? Hmmmm, moi je dis, cela se tente 😀
Rooo cet article putaclic !! Morikun n’a qu’a bien se tenir 😀
« Part en courant en zig zag » 😛
Et pour s’assurer un max d’audience, on cite le Maître 😀
A nous le millions!!!!
Gros Boulot de malade … Bravo à toi pour ton abnégation envers le hobby… ;p
Abnégation, abnégation… t’as de ces mots 😀 !
C’est pour quand le Bananeblade ? 🙂
Hmmmm…. dans tes rêves 😀 ?